La Maison Stambouli
Histoire d'une Maison Juive Damas
Jacques Stambouli [1]
La maison Stambouli de Damas se perptue dans
les mmoires par les photographies prises par Flix Bonfils (1831-1885), le
premier photographe franais installer un studio au Moyen-Orient, plus
prcisment Beyrouth en 1867[2].
Les photographies de Bonfils ont ensuite t dites sous forme de cartes
postales ds la fin du XIXe sicle et circulent toujours chez les
collectionneurs.
Comme dĠautres grandes maisons des familles
aises juives, bties aux XVIIIe et aux XIXe sicles, la maison Stambouli est
construite lĠintrieur des murs de la vieille ville de Damas, dans le
quartier juif, au sud-est de la rue Droite. La vieille ville de Damas,
dlimite par ses murailles, est thoriquement protge de toute dmolition ou
reconstruction par un dcret de 1972 du gouvernement syrien. Et, en 1975, la
demande de la direction des Antiquits de Syrie, la cit intra-muros a t
inscrite sur la liste du patrimoine mondial de lĠUNESCO[3].
1. Le patrimoine juif de
Damas
La journaliste anglaise Brigid Keenan, qui a
pass, partir de 1993, cinq ans et demi Damas avec son poux diplomate, a
pu faire, la fin des annes 1990, un tat des lieux des maisons juives de la
Vieille Ville[4].
Beit Lisbona, qui date du XVIIIe sicle,
tait en cours de restauration, ayant un nouveau propritaire chrtien qui
comptait en faire un htel. La maison comportait des portes en bois sculptes
et dores, des plafonds peints, des incrustations de nacre dans la pierre
sculpte.
Beit Farhi, qui appartenait une des
familles les plus riches de Damas au XIXe sicle, voit ses quatre cours
intrieures Ç presque en ruine, lĠensemble ayant t divis entre
plusieurs locataires È.
Beit Dahdha reste particulirement belle avec
des panneaux de bois peint et une jolie cour intrieure.
La maison de Joseph Anbar, qui date de la fin du
XIXe, de style plus moderne et situe en dehors du quartier juif, confisque en
1890 par les autorits ottomanes puis transforme en cole, a t restaure par
le gouvernement syrien et affecte aux bureaux de la Commission pour la Vieille
Ville en 1986.
Beit Tta (ou Totah), prs de la rue Droite,
juxtapose deux styles : dĠun ct de la cour un iwan (salle de rception en plein air) et des pices
traditionnelles ; de lĠautre, des grandes fentres et des salles de
rception lĠoccidentale.
La maison Stambouli, appele aussi Beit Niyadu, appartient un cheikh
chiite qui, parat-il, lĠaime passionnment. Le jasmin y est toujours prsent
de mme que la vigne et le bruit de la fontaine. La dcoration de la fontaine et le dallage de la cour ont
t remanis, tandis que, comme sur les photographies de Bonfils, il y a plus
de cent ans, les enfants jouent dans la courÉ
Au moment o nous crivons (2007), il nĠest pas
encore question de pouvoir visiter aisment le quartier juif de Damas, les plus
belles maisons juives et les trois synagogues. La guerre toute proche en Irak,
la persistance du conflit entre Isral et ses voisins arabes ne favorisent pas
le tourisme Damas, en particulier concernant des sites juifs.
Cependant, quand la paix reviendra, quand des
relations normales sĠtabliront entre Juifs et Arabes, quand lĠamiti et la
culture lĠemporteront dans cette rgion sur la haine et lĠintolrance,
nouveau, de nombreux visiteurs voudront connatre le riche patrimoine culturel
de Damas. Et parmi ce patrimoine, le patrimoine juif et la maison Stambouli.
Alors, nous voudrions complter lĠinformation
des futurs htes de la maison Stambouli par quelques sources historiques et
familiales.
2. Les origines de la
maison Stambouli
Un tmoignage ancien, datant de 1868, mais paru
en 1993,[5]
nous apporte de nombreuses prcisions sur les origines de la maison Stambouli
et sur la vie de ses occupants cette poque.
Au cours dĠun voyage en Egypte et au
Moyen-Orient dĠun groupe de peintres orientalistes[6]
lĠinitiative de Jean-Lon Grome, le peintre nerlandais Willem de Famars
Testas (1834 -1896) a tenu un journal de voyage en franais.
Le 3 mai 1868, sjournant Damas, le groupe des
peintres fait Ç la visite aux Juifs influents de la ville (É). M. Grome
avait une lettre circulaire de M. lĠavocat Crmieux de Paris pour les
isralites dĠici. (É) En lĠabsence de M. Grome, cĠest Goupil, son gendre qui a
remis la lettre. On lĠa reu comme un envoy de prince, et peut-tre plus
affablement encore. M. Stambouli, isralite opulent, nous a tous invit pour
dner demain È.
Cet excellent accueil dĠamis dĠAdolphe Crmieux,
prsident lĠpoque de lĠAlliance isralite universelle, nĠaurait pas d
tonner les peintres orientalistes. Car, en 1840, Crmieux, alors dput, avait
dfendu avec Sir Moses Montefiore, plusieurs juifs de Damas accuss de
Ç crime rituel È sur la personne dĠun suprieur du couvent des
Capucins, le pre Thomas, et de son domestique[7].
LĠaccusation tait porte par le consul de
France de lĠpoque, le comte de Ratti-Menton et par son ami, le gouverneur
gyptien de la ville, Chrif Pacha. Comme par hasard, elle visait des notables
juifs de la ville, partir de dnonciations de domestiques extorques sous la
torture. Et parmi eux une personne de la famille Stambouli, Aaron Stambouli[8].
Aaron Stambouli avait t accus de
participation au meurtre du domestique du pre Thomas. Il avait t emprisonn
et condamn mort par Chrif
Pacha, avec neuf autres personnes[9].
CĠtait un ngociant prospre, avec un patrimoine estim par le consul dĠAutriche
entre 7500 et 10 000 talaris (un talari valait 5 francs de 1840)[10].
La famille Stambouli nĠest pas originaire dĠIstanbul, comme cela a t souvent
crit. Le pre dĠAaron, David Lvy, avait dcid de changer son nom en
Stambouli, pour se distinguer des nombreux Lvy de Damas et parce que la
famille se rendait souvent Istanbul pour y rgler des affaires juridiques[11].
Cette Ç affaire de Damas È avait
profondment marqu la communaut juive de lĠpoque. Les accuss avaient t
soumis la torture. Tous, sauf un qui tait prt abjurer sa religion pour
chapper de nouveaux tourments, avaient ni malgr les douleurs. Quatre
personnes taient mortes sous la torture : deux accuss, le rabbin Joseph
Harari, un vieillard de 80 ans et Joseph Liniado ; et deux tmoins
dcharge, Jacob Turck, un des portiers du quartier juif et Joseph Jabo.
Les responsables de la communaut de Damas
avaient rsist collectivement avec le soutien de leurs frres trangers et
obtenu gain de cause par la libration de tous les accuss[12].
Cette affaire combinait la perptuation de
prjugs antismites les plus culs et lĠarbitraire de fonctionnaires locaux
avides et cruels. Elle contribua, en raction, la naissance de lĠAlliance
Isralite Universelle Paris en 1860 pour Ç prter un appui efficace
ceux qui souffrent pour leur qualit dĠIsralites È et Ç travailler
partout lĠmancipation et aux progrs moraux des Isralites È [13]
. LĠAlliance chercha atteindre ces objectifs par des moyens diplomatiques et
par lĠducation. Si la premire cole de lĠAlliance fut fonde Ttouan en
1862, elle fut suivie ds 1864 par une cole Damas[14].
Aprs lĠaffaire de Damas, la situation des
commerants de la communaut juive sĠamliora. Le commerce avec lĠEurope se
dveloppa et les agents locaux reprsentant les socits trangres
sĠenrichirent. Ces agents se recrutaient parmi les chrtiens et les juifs,
sujets protgs par les puissances trangres[15].
En mme temps, lĠartisanat local traditionnel tait mis en difficult.
Diffrents notables accumulrent cette poque des ressources financires
importantes : ce fut probablement le cas de la famille Stambouli, ce qui
explique la construction de la maison.
Le 4 mai 1868, la maison Stambouli tait presque
termine comme en tmoigne le journal de voyage de Willem de Famars
Testas : Ç quatre heures, nous tions chez M. Stambouli o nous
tions invits dner. Sa maison est toute neuve : il lĠa fait btir dans
le style ancien et nĠest mme pas entirement termine. È[16]
3. Les propritaires de la
maison Stambouli
Qui tait le btisseur et propritaire de la
maison Stambouli, hte des peintres orientalistes venus de France ?
Certains lments, apports par Willem de Famars Testas et dĠautres par la
gnalogie familiale, permettent de rpondre la question.
Selon Testas, en 1868, son hte, M. Stambouli
est mari et a un fils de 18 ans.
DĠaprs la gnalogie familiale, Aaron
Stambouli, lĠaccus de lĠaffaire de Damas, a eu deux filles et un fils, Rafal
(1823-1892). Mais celui-ci est mort Beyrouth au Liban, envoy probablement
pour dvelopper les affaires familiales dans ce port en pleine expansion. Et
Rafal nĠa eu, selon la gnalogie familiale, que des filles.
En revanche, le frre dĠAaron Stambouli, Nathan
Shehad (1792-1854), a eu trois filles et un fils, Jacob (1828-1888), n et
mort Damas. Et Jacob a bien un fils de 18 ans en 1868, le jeune Salomon
(1850-1895).
CĠest donc trs probablement Jacob Stambouli qui
a fait construire la maison et qui reoit, lĠge de 40 ans, les peintres
orientalistes, avec sa femme Esther.
Un autre lment corrobore lĠattribution de la
maison Jacob Stambouli. Linda Schatkowski Schilcher, en prsentant un plan de
Damas au XIXe sicle, mentionne bien dans le quartier juif, lĠemplacement de
la maison Stambouli, Ç maison de notable, famille de Jacob Istanbuli [17]È.
Jacob Stambouli eut deux filles, Bolissa et
Sarah, et quatre fils : Joseph, n en 1847, Salomon n en 1850, David n
en 1855 et Elie n en 1865. Nous ne savons pas grand-chose de Joseph. Elie mourut
Beyrouth : son fils Jacques, journaliste, devint rdacteur en chef de la
revue Ç lĠOrient È au Liban, et mourut Paris, en 1992, ayant
fui la guerre civile libanaise[18].
David, dit Abou Daoud, tait pote et se faisait une gloire de ne pas travailler.
La tradition familiale dit quĠil fut juge Damas[19]
et que ses jugements en vers dpendaient de la rime quĠil trouvaitÉ Il mourut
au Caire en 1949. CĠest Salomon qui reprit trs probablement la maison. Car,
la mort de Salomon, en 1895, la famille vendit la maison Joseph Bey Liniado
(1850-1942)[20].
Cette vente explique probablement le nom de
Ç Nyadu È attribu aussi la maison Stambouli, par dformation de
Liniado[21].
Car on trouve le nom de Joseph Liniado orthographi Yusuf Linyadu, en
particulier quand il fut lu dput, reprsentant de la communaut juive de
Damas, en avril 1928 sous le mandat franais[22].
Joseph Liniado tait un commerant et financier ais de Damas, dont le nom
judo-espagnol est li, semble-t-il, la fabrication de tissus de lin.
La maison, proprit des Liniado, resta
cependant, par le jeu des alliances matrimoniales, occupe par la famille
Stambouli.
Salomon Stambouli avait eu, avec sa femme Bolissa, ne Farhi, dix
enfants : sept filles et trois garons. Dans les photographies anciennes
de la cour de la maison prises par Bonfils dans les annes 1870, apparat une
femme entoure de sept enfants : trois garons et quatre filles. Il sĠagit
trs probablement de Bolissa Farhi. Bolissa Farhi disait, selon la tradition
familiale, que les filles Stambouli taient tellement belles quĠil nĠy avait
pas besoin de dot pour les marier. Un de ses fils, Jacques Stambouli
(1889-1948) se maria en 1920 avec la fille unique de Joseph Bey Liniado, Adle
Liniado (1901-1951). Les enfants dĠAdle, Salomon dit Raymond (1923-2004)
et Robert (1925-1951) naquirent
dans la maison Stambouli o Adle vint accoucher[23].
Cependant la famille de Jacques Stambouli ne
vivait plus Damas. Jacques, lev chez les Jsuites Beyrouth, avocat aux
Tribunaux mixtes, exerait au Caire o son frre Isaac sĠtait aussi tabli
comme commerant. Son autre frre Nathan tait parti tenter sa chance au
Brsil, Sao Paulo[24].
Aprs le dcs de Joseph Bey Liniado, la maison
Stambouli-Liniado a t vendue en 1943 par Sabri Liniado, le neveu de Joseph
Bey, une institution amricaine. Sabri Liniado vivra ensuite Beyrouth.
Dans les annes cinquante, une cole fut
installe dans la maison Stambouli[25].
Puis celle-ci fut rachete par un propritaire priv musulman.
4. LĠarchitecture de la maison Stambouli
LĠarchitecture de la maison Stambouli ne diffre
pas profondment de celle des autres grandes maisons traditionnelles de Damas,
que leurs propritaires soient musulmans, juifs ou chrtiens.
Il est mme possible quĠelle ait t construite
par des ouvriers chrtiens. Car, selon Zouhair Gazzal, au XIXe sicle, Damas,
Ç les chrtiens contrlaient la quasi-totalit des mtiers du
btiment : maons, tailleurs de pierre, carrier et marbriers taient
presque tous chrtiens. LĠarchitecture et lĠhabitat taient lĠÏuvre de la
minorit chrtienne[26]È.
Cependant, quelques dtails la distinguent comme
maison juive.
Chaque grande demeure de Damas possdait une arrive dĠeau pure et
une vacuation des eaux uses. La cour disposait toujours au moins dĠune
fontaine ou dĠun bassin. LĠeau pure tait distribue de fontaine en fontaine, car chaque fontaine tait amnage
un degr plus bas que la prcdente. Les plus anciennes fontaines taient en
pierre taille, mais, au XIXe sicle, avec le remaniement des maisons, elles
furent refaites en marbre.
Dans les photos anciennes de la maison Stambouli, datant des annes
1870, la fontaine est dcore dĠovales contenant des toiles six branches.
Cette dcoration se retrouve dans une photographie familiale, de 1930, o
Jacques et Adle Stambouli posent devant la fontaine avec leurs enfants Raymond
et Robert.
LĠtoile six branches nĠtait pas, jusquĠau XIXe sicle, un
symbole utilis uniquement par les Juifs. Ce motif se retrouve dans dĠautres
maisons non juives de Damas : par exemple Bet Nassan ou Bet as-
SibĠ[27].
LĠtoile six branches (maguen
David) est devenue un symbole prpondrant pour dcorer les synagogues partir
du XIXe sicle[28]. CĠest
seulement en 1897, aprs la construction de la maison Stambouli, que le premier
congrs sioniste choisit le maguen
David comme symbole de lĠOrganisation sioniste mondiale. Le maguen David
devint, en 1948, le symbole de lĠEtat dĠIsral.
Peut-tre quĠen plus de marquer le caractre juif de la maison
Stambouli, ce maguen David tait-il
une allusion David Lvy, pre de Jacob Stambouli, btisseur de la
maison ? Toujours est-il que, dĠaprs les descriptions actuelles de la
maison, cette dcoration a disparu.
La fontaine de la cour tait place dans lĠalignement du salon de
rception dĠt – lĠiwan
– qui est une vaste et haute alcve, ferme sur trois cts seulement, le
quatrime tant ouvert sur la cour.
LĠiwan est un lment
caractristique de lĠarchitecture prislamique iranienne[29],
largement repris dans les maisons anciennes de Damas.
LĠiwan est situ sur le
ct sud de la demeure, avec son ouverture au nord, pour bnficier de la
fracheur.
Pour une aration maximale, lĠiwan
sĠtend en hauteur sur deux tages. Il est le plus souvent orn dĠun plafond
peint, de ptes et de pierres colores, de pierres sculptes et incrustes, de
murs peints fresques et dĠun sol en marqueterie de marbre.
Dans la maison Stambouli, lĠiwan,
plac face la fontaine centrale de la cour, comprenait cinq miroirs, des
motifs floraux, des paysages urbains peints. De part et dĠautre de lĠiwan, on retrouve le motif du maguen David. Sur le ct gauche de lĠiwan, dans la photographie de Bonfils, une
porte est surmonte dĠune inscription en hbreu. La premire ligne est
difficilement lisible : elle peut signifier Ç en mmoire de É È.
La deuxime ligne est plus distincte. On peut lire Ç Levi
Stambouli È, ce qui corrobore les origines du nom de la famille du
propritaire. Il est probable, selon lĠorientation vers Jrusalem, que la porte
surmonte de lĠinscription hbraque ouvrait sur la synagogue prive que les
Stambouli avaient amnage dans la maison selon la tradition familiale.
La salle de rception ferme (ou qĠa) est situe dĠhabitude au nord de la maison damascne. Elle ouvre
sur le sud, pour bnficier au maximum du soleil hivernal : cĠest la pice
la plus glorieuse de la maison, o la dcoration se surpasse.
La salle de rception est divise en deux
parties : une entre de plain-pied avec la cour, nomme Ôataba, avec trs souvent une petite
fontaine au milieu. La deuxime partie est la mastaba o lĠon sĠassied, spare de lĠataba par une grande arcature ouverte. Elle est situe en hauteur,
une soixantaine de centimtres par rapport lĠataba. Cette plate-forme de pierre ou de marbre est recouverte de
tapis et de kilims, avec un long cordon de coussins sur trois cts.
La maison Stambouli, dĠaprs les photographies
anciennes, respecte la division Ôataba-mastaba
et comprend de riches dcorations sculptes.
Quand Jacob Stambouli reoit le groupe des
peintres europens, vers quatre heures de lĠaprs-midi, le 4 mai 1868, il leur
sert des rafrachissements et des cigarettes. Les femmes invites, dont Lady
Jane Digby[30],
une aristocrate anglaise convertie lĠislam, prennent place dans
Ç lĠample divan È. Il sĠagit trs probablement de lĠiwan, que dcrit aussi Testas, dans le
cas de la maison Lisbona : Ç un beau divan de rception vote
leve et en plein air È.
Puis, vers sept heures et demie, Ç on
passait dans la salle manger È. Il sĠagit probablement de la mastaba, car, aprs le dner, Testas est
Ç redescendu dans la grande salle È, probablement lĠiwan, pour goter
des confitures et assister des danses.
5. Un
patrimoine conserver
La maison Stambouli de Damas a miraculeusement
survcu aux alas de lĠhistoire. Elle tmoigne de lĠarchitecture raffine des
maisons traditionnelles de Damas. Construites en fonction du climat, elles sont
fraches lĠt, grce la cour avec la fontaine et la vgtation ; et
chaudes lĠhiver, par lĠensoleillement des terrasses du premier tage. Elle
voque une prsence juive trs ancienne dans une des villes les plus vieilles
du monde.
Le fait quĠelle soit toujours habite par un
propritaire qui lĠaime contribue la prserver. Souhaitons quĠun jour, elle
puisse nouveau tre visite sereinement tout comme le quartier juif de Damas.
Le 2 juillet 2007
Lgendes des photographies proposes ( les
photos 1, 4, 5, 7 et 8 ont t publies dans lĠArche)
1.
Carte
postale de la maison Stambouli de Damas, (photographie Bonfils , vers 1870). La
femme droite est probablement Bolissa Farhi.
2.
Le
quartier juif de Damas est situ au sud-est de la rue Droite avec ses diffrentes
maisons juives. Plan provenant de Brigid Keenan, Damas, Editions Place des Victoires, 2000.
3.
Salomon
Stambouli (1850-1895) (coll. prive).
4.
Devant
une des portes donnant sur la cour, gauche, enceinte, probablement Bolissa
Farhi (vers 1850-1924) qui eut dix enfants avec Salomon Stambouli.
(photographie Frank Mason Good, vers 1870).
5.
Joseph
Ç Bey È Liniado (1850-1942) et son pouse Bahiy Tuby (1870-1953), au
moment de leur mariage vers 1897 (coll. prive).
6.
Jacques
Stambouli et sa femme Adle Liniado, avec leurs enfants Raymond et Robert en
1930, devant la fontaine de la maison Stambouli (coll. prive).
7.
LĠiwan
de la maison Stambouli (photographie Bonfils). De part et dĠautre, des toiles
de David taient dessines. A gauche, au-dessus de la porte une inscription en
hbreu et lĠentre dĠune synagogue prive.
8.
Salle
de rception de la maison Stambouli, photographie Bonfils.
[1] Jacques Stambouli est Matre de
Confrences en amnagement lĠUniversit dĠArtois (Arras) et chercheur au CRIA
de lĠUniversit de Paris 1 Panthon-Sorbonne. N Milan (Italie), il
sĠest occup pendant plus de 10 ans des Editions du Scribe, qui ont publi de
nombreux ouvrages sur la culture juive.
Il est le petit-fils du Jacques Stambouli (1889-1948) qui apparat dans
cet article.
[2] Bonfils Collection, In Arab Lands, The American University
in Cairo Press, 2000. Le studio de photographies de Flix Bonfils sera repris
sa mort en 1885 par son fils Adrien (1861-1929), puis de 1907 1938 par
Abraham Guiragossian. CĠest pourquoi on trouve des cartes postales de la maison Stambouli marques Bonfils
ou Guiragossian. LĠpouse de Flix Bonfils, Lydie Cabanis (1837-1918) participa
aussi la production des photographies du studio.
[3] Degeorge Grard, Damas perle et reine de lĠOrient, Flammarion,
Paris, 2005, p.293.
[4] Keenan, Brigid, Damas,Editions place des Victoires,
Paris, 2001, p. 94 et suivantes.
[5] De Famars Testas Willem, Journal de voyage en Orient, 1868, in Album de voyage, Des artistes au pays du
Levant, Runion des Muses Nationaux, Paris, 1993, pp. 181-183. Nous
reprenons entre guillemets des lments de ce journal de voyage.
[6] Le groupe des peintres
comprenait Jean-Lon Grome, professeur de peinture de lĠEcole des Beaux-Arts
de Paris, deux de ses lves – Paul-Marie Lenoir et Jean-Richard Goubie -
son gendre, Albert Goupil, charg des photographies, et trois autres
peintres : Lon Bonnat, Ernest Journault et Willem de Famars Testas. Les
voyageurs partirent de Paris le 7 janvier 1868, visitrent le nord de lĠEgypte,
le Sina, Petra et Jrusalem. Jean-Lon Grome, dont le cong sĠachevait, dut
quitter le groupe le 12 avril. Les autres vont continuer au nord vers les
sources du Jourdain et sjourner Damas du 1er au 7 mai. Ils
partiront ensuite vers Beyrouth, puis, par mer, atteindront Chypre, Rhodes,
Smyrne et Istanbul le 18 mai
[7] Frankel Jonathan, The Damascus Affair, Cambridge
University Press, 1997 ; Hebey Pierre, Les
disparus de Damas, Gallimard, Paris, 2003 ; Stambouli Raymond, Les Juifs de Syrie et lĠaffaire de Damas,
in Les Juifs dĠEspagne : historique
dĠune diaspora, Liana Levi, Paris, 1992, pp.431-436. Le dossier du
Ministre franais des Affaires trangres, class secret, a t ouvert au
public, prs de 150 ans plus tard.
[8] Etaient aussi accuss et dtenus
en prison : Mourad, Joseph, Mhir et Juda Farhi, Isaac, Aron et David
Harari, le rabbin Salonicli, Isaac de Picciotto, Jacob et Mose Aboulafia, le
rabbin Jacob Antebi, Raphal Dweck et Abraham Lvy.
[9] David, Aaron et Isaac Harari, le
rabbin Salonicli, Mehir, Joseph et Mourad Farhi, Jacob Aboulafia et Isaac de
Piccioto.
[10] Rapport Merlato, cit par Pierre
Hebey, p. 356. Mourad Farhi, le plus riche ngociant de Damas, est mentionn
comme possdant un patrimoine de 12 15 000 talaris.
[11] Selon les rapports dĠenqute
(rapport Ratti-Menton ou rapport Merlato), Aaron Lvy-Stambouli est soit appel
Aaroun Stambouli soit Aaron Lvy. Il sĠagit de la mme personne. De nombreuses
donnes de la gnalogie familiale ont t apportes sur le site www.farhi.org/genealogy.
[12] Un des accuss, Isaac de
Picciotto tait protg autrichien.Le consul dĠAutriche, M. Merlato,
conformment aux accords avec lĠEmpire ottoman, demanda instruire lĠaffaire
concernant son protg. Aboutissant des conclusions diamtralement opposes
celles du consul de France, il alerta James de Rothschild, consul dĠAutriche
Paris. LĠaffaire clata au grand jour, aboutissant une dlgation dĠAdolphe
Crmieux et de Sir Moses Montefiore, soutenue par la reine dĠAngleterre
Victoria, auprs de Mohamed Ali, vice-roi dĠEgypte. Ce dernier ordonna la mise
en libert des victimes et rappela Chrif Pacha au Caire. Ratti-Menton sera
nomm loin de lĠOrient.
[13] Girard Patrick, Pour le meilleur et pour le pire, Vingt sicles dĠhistoire juive en France,
Bibliophane, Paris, 1986, p.309.
[14] Stillman Norman A., The
Jews of Arab Lands, a history and source book, The Jewish Publication
Society of America, Philadelphia, 1979, p.101.
[15] Keenan Brigid, op. cit. . p.72. et Degeorge Grard, op.
cit. p. 227 et suivantes.
[16] Des artistes en expdition,
op. cit. p.181.
[17] Shatkowski Schilcher Linda, Families in Politics, Damascene factions and
estates on the 18 th and 19 th centuries, Franz Steiner Verlag, Wiesbasden,
Stuttgart 1985, plan H5.
[18] Vice-prsident de la Communaut
isralite de Beyrouth, il a laiss un manuscrit sur les Juifs du Liban,
conserv par son fils Elliott.
[19] Avec les lois de modernisation
de lĠEmpire ottoman, la fin du XIXe sicle, des non musulmans devinrent juges
aux Tribunaux de Commerce de premire instance et dĠappel, selon Philip S.
Khoury, Urban notables and arab
nationalism : Damascus(1860-1920). Cambridge University Press, 1983,
p. 45, note 22.
[20] Notes laisses par Salomon
Ç Raymond È Stambouli (1923-2004).
[21] Cette ide mĠa t suggre par
Mireille Lenos, fille de Jacques Stambouli et dĠAdle Liniado, ne en 1931 au
Caire.
[22] Shambrook Peter A., French imperialism in Syria, 1927-1936, Ithaca
Press, 1998.
[24] Informations recueillies auprs
de Rene Cohen, pouse de Salomon Ç Raymond È Stambouli.
[25] Notes laisses par Salomon
Ç Raymond È Stambouli.
[26] Gazzal, Zouhair, LĠconomie politique de Damas durant le XIXe
sicle, Institut franais de Damas, Damas, 1993, p.131.
[27] Keenan Brigid, op. cit.p.148.
LĠauteur note que les motifs en toile sont frquemment utiliss dans les arts
dcoratifs islamiques.
[28] Ilana Shamir, Shlomo Shavit, Encyclopdie de lĠhistoire juive, 1989,
Editions du Scribe-Liana Levi, Paris, p.232.
[29] Stierlin Henri, LĠarchitecture
de lĠislam, Dcouvertes Gallimard, Paris, 2003, p.36 et p.151.
[30] Lady Jane Digby, aristocrate
anglaise originale, tait lĠpoque lĠpouse dĠun cheikh bdouin de Palmyre,
tout en sjournant souvent Damas. Elle a t enterre Damas en 1881. Sa tombe et sa maison peuvent tre
visites.